Charlie Hebdo : La peur ne doit pas s'installer!

Mercredi dernier, la France a connu sa pire attaque terroriste depuis plus de 50 ans.

Mercredi dernier, la France a perdu quelques uns des plus grand dessinateurs de presse actuels.

Depuis, d'autre attaques ont été commises et d'autres morts sont à déplorer.

Bien sûr, à l'annonce d'une telle tragédie, nous sommes tous horrifiés : je me souvient précisément des mots de la journaliste qui a annoncé le drame à la radio : « Le bilan est terrifiant : 13 morts, et 4 personnes dans un état d'urgence absolue ».

« Terrifiant » est bien le mot qui convient après un tel drame.

Mais aujourd'hui plus de deux jours se sont écoulé depuis l'attentat et le choc ressentit s'est estompé. Pour laisser place à quelque chose de beaucoup plus dangereux, de beaucoup plus terrible : la peur.

Oui aujourd'hui la majorité d'entre nous a peur.

Hier soir je suis sortie boire un verre avec une amie. Je ne supportait pas de rester chez moi, j'avais besoin de voir du monde et de prendre l'air. Je me suis surprise, moi qui répète en permanence à mes proche de ne pas avoir peur, je me suis surprise à être angoissée. Angoissée à propos de tout : d'un potentiel tueur assit à coté de moi dans le bus, d'une potentielle bombe déclenchée dans la rue. Nous vivons depuis plusieurs années dans une société fondée sur la peur : la peur de l'avenir, la peur de l'autre, la peur de tout. Ces derniers jours, malheureusement, les événement donnent raison à cet esprit de peur.

Le problème réside dans notre capacité à gérer la peur. La stratégie actuelle des terroristes est de laisser planer la menace d'attaques, et de terroriser l'occident.

NE LES LAISSONS PAS GAGNER !!!

Si nous cédons à la peur, alors les barbares ont gagné. Si nous cédons à la peur, nous leur laissons un champ d'action immense pour nous faire du mal.

Jusqu'à la semaine dernière, nous pouvions nous réjouir de vivre dans un pays où nous pouvions nous exprimer en toute liberté sans craindre de représailles, où nous pouvions sortir dans la rue sans s'inquiéter pour notre sécurité. Sauf que notre pays est maintenant en guerre. Nous sommes en guerre contre certains français qui utilise des textes religieux comme prétexte pour tuer.

Je suis jeune : je vais avoir 16 ans dans trois semaines. Je suis jeune et aujourd'hui, je revendique le droit de grandir dans l'insouciance, de m'amuser, de rire sans que la menace d'une attaque plane au dessus de moi.

Pour cela il n'y a qu'une solution : ne pas laisser la peur s'installer.

La voix de la raison qui s'exprime dans mon esprit me souffle que la marche républicaine de dimanche prochain à Paris est suicidaire : quelle formidable opportunité pour n'importe quel fanatique qui voudrait faire un carnage en tirant sur la foule ! Dans ce cas de figure je ne suis pas certaine que les forces de l'ordre puissent réagir sans qu'il y ait des pertes humaines.

Mais entre le fait de prendre des risques pour se réunir et affirmer « Nous sommes unis contre ces criminels et pour défendre la liberté d'expression » ; et le fait de rester chacun chez soi, en sécurité certes, mais avec le danger plus que présent de se diviser ; je pense qu'il vaut mieux se réunir.

Aujourd'hui notre seule arme face à ces criminels reste notre capacité à rester unis. Ces derniers jours j'ai eu plutôt l'impression que les gens étaient unanimes dans leurs réactions et leurs refus de se laisser abattre. Mais plus le temps passe et plus les divisions se font sentir.

Il n'y a qu'un moyen de ne pas laisser retomber la fièvre et la ferveur qui s'est emparé des français ces derniers jours : rester unis dans notre désir de démocratie et de laicité.